Du côté du Service de Prévention Spécialisée « Les Réglisses » (SPS), l’activité éducative a été stoppée durant tout le temps du confinement. Tant bien que mal l’accompagnement éducatif à distance a été maintenu sur un territoire (secteur sud du 20èmearrondissement de Paris) où le confinement a mis en exergue plusieurs disparités sociales : l’exiguïté des logements a rendu le confinement difficile à vivre pour de nombreuses familles, une perte de revenus importante pour beaucoup qui a accentué la précarité dans les quartiers, un suivi scolaire difficile en lien avec une absence d’outils informatiques…

Face à ce constat, les équipes du SPS se sont concentrées sur la résolution des problématiques les plus urgentes : aide à la réalisation des vœux post 3ème et parcoursup, suivi scolaire/médical/judiciaire, rappel des gestes barrières et des informations sur la pandémie, relais des coordonnées de structures d’entraide, orientation vers des aides financières, mise à disposition d’outils informatiques. Un partenariat avec EMMAUS CONNECT a notamment permis de distribuer aux jeunes des recharges de data de 12 giga. Si les outils numériques, et notamment les échanges sur les réseaux sociaux, ne peuvent remplacer la qualité d’un lien physique en face à face, ces échanges ont permis de garder continuellement le lien avec les jeunes et leurs familles.

De leur propre initiative, quelques jeunes du SPS se sont particulièrement investis sur le plan solidaire durant le confinement, en participant notamment à des distributions de colis alimentaires ou de repas. Une dynamique qui s’est prolongée dès le 11 mai avec un éducateur des Réglisses et deux jeunes. Suite à la récupération d’invendus alimentaires sur le marché de Rungis, une distribution est organisée deux fois par semaine dans le 20ème arrondissement via une structure solidaire. Depuis mi-juin, deux chantiers éducatifs ont été organisés. L’un d’eux consiste à apprendre aux habitants du Boulevard Davout à fabriquer leur propre gel hydro alcoolique durant plusieurs ateliers de rue. A cette occasion les jeunes feront de la prévention sur les gestes barrières. Le deuxième chantier prend une autre forme puisque le groupe de quatre jeunes fabriquera 800 gels hydro alcoolique. La moitié sera déposée dans les centres REPARE (atelier de remise en état des vélos sur Paris), et l’autre moitié sera distribuée bénévolement aux habitants des quartiers Tour du Pin et Réunion. Depuis leur retour en rue, les éducateurs ont ressenti une grande solitude face à l’absence de partenaire sur le terrain. Peu à peu les centres d’animation, centres sociaux, mission locale et autres structures jeunesses reprennent vie.  Quant aux jeunes, leur présence en rue est marquée par le décalage horaire post confinement et commencent à être visibles à partir de 16h sur l’espace public. Il est difficile pour eux de reprendre un rythme « adapté » lorsque rien ne leur permet de se projeter.