Près de 15 000 mineurs relevant de l’Aide Sociale à l’Enfance seraient aujourd’hui victimes de prostitution, un chiffre dépassant les 20 000 dans l’ensemble de la population. Face à ce phénomène en expansion, l’ACPE et le 116 000 Enfants Disparus diffusent aujourd’hui un vademecum pour mieux appuyer les professionnels de l’enfance, de la police et de la justice.

Longtemps tabou, le fléau de la prostitution des mineurs a fini par s’imposer au sein du débat public lors des deux dernières années. La diffusion de fictions inspirées du sujet, avec “Comme des reines” sur France 2, et surtout la création du premier plan interministériel de lutte contre la prostitution des mineurs en novembre 2021 ont permis de prendre en partie la mesure de ce phénomène.

Consommation précoce de contenus pornographiques, hypersexualisation, développement des outils numériques… les causes de la banalisation de la prostitution chez les plus jeunes sont nombreuses et les études restent rares. Récemment, les travaux de l’Observatoire National de la Protection de l’Enfance, du Centre de Victimologie pour Mineurs et les travaux à venir du Dr. Aziz Essadek ont permis d’en dessiner les contours mais de nombreuses zones d’ombre demeurent.

Œuvrant depuis de nombreuses années aux côtés des victimes et de leurs familles, l’ACPE et le 116 000 Enfants Disparus ont acquis des connaissances précieuses dans l’identification et l’accompagnement de ces situations. Les équipes du numéro d’urgence rendent compte notamment d’un lien croissant entre le recours répété à la fugue et une situation de prostitution. Les professionnels de l’ACPE disposent, quant à eux, d’une grande expérience dans l’accompagnement des familles et des victimes sur qui l’emprise des proxénètes et des clients est souvent difficile à rompre.

Face à des jeunes souffrant souvent de vulnérabilités psychologiques et ayant recours à une consommation importante de stupéfiants, il peut être difficile pour les professionnels de trouver les réponses adéquates. Afin de les appuyer dans cette tâche, l’ACPE (Association Contre la Prostitution des Enfants) et le 116 000 Enfants Disparus ont élaboré conjointement un Vademecum intitulé « Prostitution des mineurs et fugues » et co-financé par la Région Île-de-France. Cet outil technique synthétise un ensemble de connaissances et de bonnes pratiques permettant de mieux appréhender les mécanismes de la prostitution des mineurs et ses conséquences.

Des conseils pour mieux identifier de probables situations de prostitution côtoient ainsi des informations pratiques sur les mesures de protection ou les enquêtes. Consultable en ligne sur les sites de l’ACPE et du 116 000 Enfants Disparus, cet outil est destiné en premier lieu aux professionnels de l’enfance, de la police et de la justice. Les auteurs espèrent, par ce biais, leur apporter un nouvel éclairage pour mieux protéger les victimes.

 

 

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 L’ACPE

Depuis 1986, l’ACPE lutte contre toutes les formes d’exploitation sexuelle des mineurs en France et dans le monde. Association pionnière, elle a accompagné de nombreux parents de victimes, été partie civile dans plusieurs procès et a contribué à la sensibilisation du grand public mais aussi à la formation de nombreux professionnels. Elle a également été sollicitée par le gouvernement et plusieurs élus pour participer à la lutte contre ce phénomène grandissant.

 

LE NUMÉRO D’URGENCE 116 000

Le 116 000 est un numéro européen pour les familles d’enfants disparus, qui agit lors de disparition d’enfants. Les appels sont reçus par une équipe de professionnels formés, faisant partie d’une organisation spécialisée dans la disparition d’enfants. En France, ce numéro est coordonné et géré par la Fondation Droit d’Enfance. Depuis plusieurs années, l’équipe du 116 000 a constaté une forte augmentation des conduites prostitutionnelles, en particulier dans les situations de fugue.